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Les parfums

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belette.86
A. de Kerfadec
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Message par A. de Kerfadec Dim 13 Jan 2013 - 0:28

"Au XVIIIe, la quête du naturel et de la transparence impose la subtilité du parfum, qui se doit de révéler les racines de l'être.
A la fin du siècle, les chimistes analysent la composition de l'air et découvrent l'oxygène, ce qui avive l'attention portée à la respiration et la peur de l'asphyxie. Les médecins, hantés par les risques d'infection, prônent la ventilation et accentuent la crainte des odeurs fortes, donc des parfums animaux.

A la cour de Louis XVI triomphe le parfum délicat. La recherche du naturel joue en faveur des essences florales - sous la Convention en revanche, le parfum est signe d'aristocratie : il est dangereux de sentir trop bon quand règne la Terreur -.

A Versailles, le parfum qui se décline à travers de multiples accessoires parfumés (sachets, éventails, mouchoirs, vêtements, perruques, chapelets et gants) a évidemment pour fonction de manifester le rang social. On poudre les cheveux et même le tabac, plante originaire d'Amérique et introduite en France dans la seconde moitié du XVIe siècle (poudre à la fleur d'oranger, rose, jasmin, musc, civette, ambre). Les courtisanes aiment inventer toutes sortes de produits parfumés, à l'image de la maréchale d'Aumont qui, au siècle précédent, avait mis au point une forme de poudre dite “à la Maréchale” à base, entre autres, d'iris, de coriandre, et de girofle. Quant à “L'Eau de la reine de Hongrie”, elle poursuit sa carrière. Il s'agit d'une des premières eaux parfumées, essentiellement au romarin, qui date du Moyen Age : une légende rapporte qu'elle fut donnée au XIVe siècle à la reine Elisabeth de Hongrie, âgée et impotente ; grâce à cette substance, elle retrouva jeunesse et santé au point d'être demandée en mariage par le jeune roi de Pologne…

Comme je l'ai dit dans un autre article, on comprend lentement la fonction purifiante de l'eau mais on ne procède bien souvent encore qu'à la “toilette sèche” : on se frotte la peau avec des savonnettes de Bologne au citron ou à l'orange ; on s'asperge la figure et les mains de vinaigres de toilette, de “lait virginal” ou “d'eau d'Ange” bouillie ou distillée, à base de benjoin et de storax ; on utilise pour les dents et l'haleine des pastilles et des parfums de bouche à l'ambre, au gingembre, à la coriande ; on se nettoie les cheveux avec des huiles au santal, à la rose, à la lavande, au jasmin ; on s'enduit les mains de pâtes d'iris, de benjoin, ou d'amandes douces qui les décrassent sans les abîmer. De petites pièces de toiles imbibées de produits aromatiques, appelées mouchoirs de Vénus, permettent de se laver le visage sans eau.

Etre propre, c'est porter également des sachets d'arômes dans les plis des robes, des gants parfumés - introduits en France par Catherine de Médicis - au musc ou à la civette, c'est doubler les chapeaux de pétales de roses.

L'environnement odorant du palais, qui ne possède pas de latrines, est épouvantable. On fait donc brûler dans les pièces du château quantité de cassolettes, surtout chez Mme de Pompadour.
Les parfums sont donc encore, du moins au début du siècle, autant produits d'hygiène et de thérapeutique que produits de luxe et d'agrément.

Lors de l'épidémie qui dévaste Marseille et sa région en 1720, quantités de parfums des plus suaves aux plus violents sont envoyés de toutes les provinces du royaume en direction de la ville sinistrée. Les personnes saines qui veulent se protéger des effluves dangereux utilisent la pomme d'ambre, d'un usage constant depuis le Moyen Age : cette boule en or ou en argent, souvent incrustée de perles et de pierres précieuses, contient une substance parfumée extraite des concrétions intestinales du cachalot. Son prix, très élevé, la destine aux plus fortunés. Les médecins créent donc des formules moins onéreuses, appelées pommes aromatiques, pommes de senteurs ou encore pommadiers. Ces préparations contiennent de très nombreux ingrédients comme l'encens, le santal, le camphre, la myrrhe, qui sont pulvérisés et broyés avec de l'eau de façon à former une pâte solide.


Voici pour terminer un pistolet à parfum du XVIIIe, mais si, mais si. Smile
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Dernière édition par A. de Kerfadec le Lun 25 Fév 2013 - 21:21, édité 1 fois
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Message par belette.86 Dim 13 Jan 2013 - 0:47

très intéressant, merci! Very Happy
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Message par Georges De Roquebrune Dim 13 Jan 2013 - 8:44

Le benjoin est un baume issu de résines

Merci pour cet article
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Message par Clio Dim 13 Jan 2013 - 13:32

Il y avait des latrines à Versailles, souvent bouchées d'ailleurs...
Un excellent ouvrage : " Derrière la façade"
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Message par Georges De Roquebrune Mar 15 Jan 2013 - 10:54

Je connaissait pas cet ouvrage . Merci Clio
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Message par Clio Mar 15 Jan 2013 - 11:29

Vous ne regretterez pas son achat , une vraie mine de renseignements sur la "vraie "vie du château .
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Message par Rose de Lanval Mar 15 Jan 2013 - 15:04

Pour les latrines, il me semble que c'est vrai mais au XVIIe. Après je ne suis pas certaine, j'ai lu ça mais je ne sais plus où...
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Message par Clio Mar 26 Fév 2013 - 9:15

La BBC vient de tourner un documentaire sur un bal à l'époque Regency .Beaucoup de points y sont abordés par des spécialistes , dont les parfums.Les participants ont donc été parfumés .Pas de difficultés pour les dames mais ces jeunes messieurs les danseurs n'ont pas vraiment gouté les parfums trop musqués Wink
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Message par A. de Kerfadec Lun 21 Oct 2013 - 21:30

Un petit complément sur la toilette intime au XVIIIe, d'Arlette Farge.
Au  XVIIIe siècle, vie mondaine oblige, on se couche tard, quelquefois à l'aube. Récite-t-on comme au siècle précédent ses prières, son Pater, son Ave et son Credo,  suivies d'un examen de conscience ? Sûrement.
En tout cas, au XVIIIe, on se lave. Plus question de 
 faire une toilette "sèche" (s'essuyer simplement le corps avec un linge blanc) ou de se laver seulement les mains avec de l'eau parfumée ( (des mains sales manquant de distinction)
Au XVIIIe, avant de se coucher, on fait une toilette du soir. On se lave le visage avec de l'eau afin de "déhâler le teint ", on peut "écraser quelques fraises sur ses joues, les laisser sécher pendant la nuit et le lendemain se laver avec de l'eau de cerfeuil. Alors la peau devient belle, fraîche et luisante".
Plus question comme au XVIIe, afin de préserver sa coiffure si compliquée,  de dormir  avec une coiffe de taffetas graissé, doux repaire des poux et du prurit.
Après s'être longuement brossé les cheveux, on les enroule dans des papillotes que l'on enserre dans un bonnet appelé "dormeuse". Et l'on prend l'habitude de porter une chemise de nuit. Ou plutôt une "chemise conjugale" percée d'un petit trou judicieux permettant aux époux de remplir leur devoir.
Puis, après s'être assuré qu'une collation, en cas de fringale nocturne, en général du bouillon, est posée sur la petite table de chevet et que le vase de nuit, appelé "bourdaloue"  *,  se trouve  à disposition, on se glisse dans le lit,  souvent  encastré dans une alcôve qui retient la chaleur. Un lit confortable et sophistiqué : pas moins de trois matelas de laine et de plume, des draps, des traversins, des oreillers, des couvertures et une courtepointe.
Ensuite, on éteint la bougie avec les mouchettes, petites pinces en ciseaux permettant d'écraser la mèche ou avec un éteignoir de forme conique qui étouffe la flamme.
Et ensuite... on rêve.
Au  XVIIe, on masquait la crasse du visage considérée comme protectrice sous des couches de fards , on inondait de parfums violents le corps
, après l'avoir purgé et abondamment saigné et surtout on fuyait l'eau qui " en dilatant les pores de la peau", était perçue comme le vecteur de toutes les épidémies. 
L
a seule hygiène, au XVIIe, consistait finalement en l'épouillage (tant la vermine abondait). 
La propreté commence dans la seconde moitié du XVIIIe. L'eau n'effraie plus, on s'interroge même sur ses vertus thérapeutiques (pour soigner, par exemple,  l'hystérie féminine... On prend un bain, et par là,  on se repose...).
C'est sous Louis XVI qu'arrive le règne de la  baignoire,  considérée comme un meuble de luxe.
En marbre, en cuivre, en bois ou en tôle , en forme de cuve,  de sabot ou en méridienne, la baignoire trône au milieu de la salle de bains. On peut prendre son bain seul et recevoir ses intimes pour y tenir conversation telle la Princesse de Genlis qui tenait des "bains salons"(tout en prenant soin de verser du lait dans l'eau afin de la rendre opaque.)
On pouvait aussi  prendre le bain  à plusieurs, certaines baignoires étant assez grandes pour y recevoir quatre personnes. Inutile de dire que le thème du bain inspira  maints peintres du XVIIIe...
Et c'est aussi au XVIIIe que le bidet fit son apparition.. Mais là, c'est une toute autre histoire...

Bourdaloue : du nom du prédicateur de Louis XIV  dont les sermons étaient tellement longs que les dames emportaient par précaution ce petit vase à la messe.
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Message par Adel85 Mar 22 Oct 2013 - 13:09

Très instructif, on se balade avec plaisir parmi tous ces mots....
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